motorracinghistory-motor-age-500px-web-s
motorracinghistory-omnia-500px-web-s
motorracinghistory-automobile-topics-500px-web-s
motorracinghistory-vie-au-grand-air-500px-web-s
motorracinghistory-le-sports-moderne-500px-web-s
motorracinghistory-armes-et-sports-500px-web-s

Voitures et Conducteurs – La Vie au Grand Air – 30 June 1905

Carte Michelin du Circuit d’Auvergne – Coupe Gordon Bennett 1905 – gallica.bnf.fr
Coupe Gordon Bennett 1905 – Portrait de Théry – gallica.bnf.fr

Avec l’authorisation du Bibliothèque national francais, gallica.bnf.fr.
Text et photos compilé par motorracingistory.com.

La Vie au Grand Air – 30 Juin 1905. N° 355

APRÈS LES ÉLIMINATOIRES
Voitures et Conducteurs à 130 Kilomètres à l’heure

 L’instantané photographique ne donne pas l’impression de la vitesse, mais fige une attitude ou un mouvement au 2 500e de seconde # Ce qu’ont fait vainqueurs et vaincus, conducteurs et voitures.

TOUT n’a pas été dit sur les Eliminatoires françaises, tant s’en faut.
Après les résultats brutaux de l’épreuve, il est bon, sans doute, de juger les circonstances qui l’ont entourée, et plus particulièrement la valeur intrinsèque des conducteurs. „La Vie au Grand Air“, qui avait sur le Circuit d’Auvergne un grand nombre de photographes, nous donne aujourd’hui la vision de 22 voitures des Eliminatoires prises en pleine vitesse.
   Voici Théry — à tout seigneur tout honneur — toujours flegmatique, indolent et placide. Voyez la Brasier filer sur la route avec une rectitude foudroyante, elle ne vous fournit pas, à la vue, l’impression de la vitesse que décèle le chronomètre. Et cependant… d’où provient une sensation aussi fausse ? De ce que la voiture est admirablement équilibrée, de ce que, à l’image des animaux rapides, le lévrier ou le pur-sang, tout le bloc moteur est condensé au centre, tandis que la voiture projette ses quatre roues loin d’elle, de ce que, enfin et par-dessus tout, elle ne trépide pas.
   Caillois a fait une course extraordinaire, faisant preuve d’un brio endiablé. On ne sait peut-être pas qu’il a fait ses 20 derniers kilomètres sur les jantes d’arrière, ne tenant son volant que d’une main, l’autre occupée à maintenir en place convenable le levier des vitesses, légèrement décalé de ses crans.
   Duray, l’homme au splendide Physique, ainsi que s’expriment sur son compte les revues étrangères, a réalisé en Auvergne les légitimes espoirs qu’on fondait sur lui.
Vigoureux et adroit, audacieux au-delà de toute expression, il a trouvé dans sa puissante Dietrich le véhicule qui ne devait trahir aucun de ses efforts.
   Voyez comme les photographies donnent également la perception très nette dont les robustes Panhard collaient à la route.
Malheureusement, ces voitures connurent une guigne imméritée, comme on sait, en dépit de l’incroyable habileté de Farman, et de la précision admirable de Teste.
Heath, une fois de plus, a dû à sa prudence accoutumée de faire une course honorable. Ces trois véhicules, établis avec amour en collaboration active par le commandant Krebs et René de Knyff, avaient de remarquables qualités et se posaient en favoris avant le départ. Leur infortune n’en fut que plus amère.
   Tous nos lecteurs connaissent déjà la remarquable course effectuée par les trois hommes de l’équipe Darracq Hémery a été stupéfiant de témérité, de la Touloubre a fait la course d’attente qu’on attendait de lui. Quant à Wagner il a dépassé tout ce qu’on pourrait dire. Habile à tirer le meilleur parti possible d’une voiture excellente, il nous avait littéralement stupéfiés par la fougue de son démarrage. Sur le parcours, il a viré avec une adresse et une sûreté sans pareilles.
Nous avons déjà dit quelles étaient l’originalité et la nouveauté des conceptions qui avaient présidé à l’établissement des trois voitures Darracq : nous devons reconnaître qu’elles se sont comportées sur la route du Circuit d’Auvergne d’une manière qui défie toutes critiques.

   Et les Renault ? Assurément, ce sont celles qui, dans tout le lot, avaient l’aspect le plus racing-like, pour employer une expression chère aux Anglais. Le châssis au-dessous des essieux, ainsi qu’Harknen le fit naguère, elles donnaient sur la route l’impression de bêtes monstrueuses et rampantes. Elles ont fait preuve d’une vitesse étonnante ; malheureusement, elles chassaient dans les virages, sans quoi…
   On avait pensé, avant la course, que l’équipe des conducteurs, Sisz, Edmond, Bernin était insuffisante. Sur l’un d’eux au moins, on s’était grossièrement trompé, car la révélation de Sisz a été, on peut le dire, l’événement de la journée. Ce Croate aux pommettes saillantes a fait preuve d’une habileté suprême et d’un sang-froid à toute épreuve.
   Rigoly est toujours le même : très vite dans les lignes droites, il paraissait ne virer qu’avec appréhension, et certainement la Gobron, si régulière, eût pu faire un parcours plus rapide. Maintenant, il est certain qu’elle était un peu trop empattée pour l’Auvergne.
   Le Blon a été excellent sous tous les rapports. Si l’on songe qu’il n’avait parcouru le Circuit que quatre fois sur une voiture de course, sa performance en apparaît encore plus remarquable. Il est d’ailleurs un de nos meilleurs conducteurs, surtout quand il consent à ne pas trop truquer sur sa voiture. Fournier a été victime d’incidents malheureux après un bon début. Quant à Lavergne, en qui je prise bien des qualités, il semble dit qu’il ne rompra jamais avec la guigne qui l’assaille toujours.
   Gabriel comme Rougier portaient bien des espoirs ; des circonstances fâcheuses les ont privés de déployer leur haute valeur. Gabriel est cependant un des hommes qui mènent le plus délicatement une voiture.
   Girardot a commis une faute : celle d’avoir modifié sa compression le jour de la course. Il avait une voiture admirable, un délicat bijou de mécanique, robuste cependant et dont bien des connaisseurs attendaient une course remarquable. Pour mon compte personnel, j’ai appris avec peine la mise hors course de la C. G. V. qui représentait un effort colossal. On aurait tort de retenir sa défaite sans faire entrer en ligne de compte les circonstances qui l’ont accompagnée.
   Sincèrement, la C. G. V. était absolument remarquable, et peu de concurrentes pouvaient rivaliser avec elle.
   Des guignards encore… ce sont les conducteurs des trois Bayard A. Clément. Peut-on en faire un meilleur éloge que de dire en quelle haute estime les tenait Brasier. Albert Clément et Villemain n’ont pas été heureux : ce sont cependant des rois du volant, qui peuvent rivaliser avec les meilleurs.
C. FAROUX.

Photos page 534. 1. Théry * 2. Sisz * 3. Girardot * 4. A. Clément * 5. Le Blon * 6. Lapertot * 7. Gabriel * 8. Hemmery * 9. Heath * 10. Rigolly * 11. Caillois *
Photos page 535. 12. Edmond * 14. Hanriot * 15, A. Fournier * 17. Rougier * 18. Wagner * 19. H. Farman * 21. Stead * 22. Bernin * 24. Villemain * 27. Duray * 29. Teste *        

Les équipes de la Coupe Gordon-Bennett 1905
FRANCE
1. THÉRY – Voiture Richard-Brasier, Pneumatiques Michelin
7. CALLOIS – Voiture Richard-Brasier, Pneumatiques Michelin
13. DURAY – Voiture De Diétrich, Pneumatiques Michelin
ANGLETERRE
2. CLIFFORD EARP – Voiture Napier, Pneumatiques Dunlop
6. ROLLS – Voiture Wolsely, Pneumatiques Dunlop
14. BIANCHI – Voiture Wolsely, Pneumatiques Dunlop
ALLEMAGNE
3. JENATZY – Voiture Mercédès, Pneumatiques Continental fortes toiles avec antidérapants Samson
3. DE CATERS – Voiture Mercédès, Pneumatiques Continental
15. WERNER – Voiture Mercédès, Pneumatiques Continental
ITALIE
4. LANCIA – Voiture F. I. A. T. Pneus Michelin
10. CAGNO – Voiture F. I. A. T. Pneus Michelin
16. NAZZARI – Voiture F. I. A. T. Pneus Michelin
AUTRICHE
5. BRAUN – Voiture Mercédès, Pneumatiques Continental
11. HYERAUNIMUS – Voiture Mercédès, Pneumatiques Continental
17. BURTON – Voiture Mercédès, Pneumatiques Continental
AMÉRIQUE
6. LYTTLE – Voiture Pope-Toledo
12. DINGLEY – Voiture Pope-Toledo
18. TRACEY – Voiture Locomobile

Translation by motorracinghistory, supported by DeepL.com
Cars and Drivers – La Vie au Grand Air – 30 June 1905
AFTER THE ELIMINATIONS
Cars and Drivers at 130 Kilometers per Hour

The photographic snapshot does not give the impression of speed, but freezes an attitude or a movement at 2,500th of a second # What the winners and losers, drivers and cars did.
NOT EVERYTHING has been said about the French Eliminations, far from it.
After the brutal results of the event, it is probably a good idea to judge the circumstances surrounding it, and more particularly the intrinsic value of the drivers. „La Vie au Grand Air“, that had a large number of photographers at the Circuit d’Auvergne, today gives us the vision of 22 cars from the Eliminations taken at full speed.
   Here is Théry – all honor to whom honor is due – still phlegmatic, indolent and placid. See the Brasier hurtling down the road with blazing straightness; it does not give you, at first sight, the impression of speed that the stopwatch detects. And yet… where does such a false sensation come from? From the fact that the car is admirably balanced, as that, of fast animals, greyhounds or thoroughbreds, the entire engine block is condensed in the center, while the car projects its four wheels away from it, from the fact that, finally and above all, it does not tremble.
   Caillois drove an extraordinary race, displaying a wild brilliance. It is perhaps not known that he drove the last 20 kilometers on the rear rims, holding the steering wheel with one hand and using the other to keep the gear lever in the right place, that was slightly off the right notch.
   Duray, the man with the splendid physique, as foreign magazines have described him, fulfilled the legitimate hopes placed on him in Auvergne.
Vigorous and skilful, audacious beyond all expression, he found in his powerful Dietrich the vehicle that would not betray any of his efforts.
   See how the photographs also show the very clear perception that the sturdy Panhard cars stuck to the road. Unfortunately, these cars suffered an undeserved misfortune, as we know, despite Farman’s incredible skill and Teste’s admirable precision.
Heath, once more, had to make an honorable race thanks to his customary prudence. These three vehicles, lovingly established in active collaboration by commander Krebs and René de Knyff, had remarkable qualities and were favorites before the start. Their misfortune was all the more bitter.

   All our readers are already familiar with the remarkable race achieved by the three men of the Darracq team. Hémery was astoundingly bold, de Touloubre drove the waiting game that was expected of him. As for Wagner, he surpassed anything that could be said. Skilful in getting the best out of an excellent car, he literally amazed us with the enthusiasm of his start. On the course, he turned with unparalleled skill and confidence.
We have already mentioned the originality and novelty of the designs that governed the construction of the three Darracq cars: we must admit that they behaved on the Auvergne Circuit in a way that defies all criticism.
  And the Renaults? They were certainly the ones that, of the whole lot, had the most racing-like appearance, to use an expression dear to the English. The chassis below the axles, as Harknen did in the past, gave the impression of monstrous, creeping beasts on the road. They demonstrated astonishing speed; unfortunately, they hunted in the corners, otherwise…

   Before the race, it was thought that the team of drivers, Sisz, Edmond, Bernin was insufficient. On at least one of them, we were grossly mistaken, because the revelation of Sisz was, it can be said, the event of the day. This Croatian with prominent cheekbones showed supreme skill and unfailing composure.
   Rigoly is still the same: very fast in the straights, he seemed to only turn with apprehension, and certainly the very consistent Gobron could have completed the course faster. Now, it is certain that she was a little too weighted down for the Auvergne.
   Le Blon was excellent in every respect. Considering that he had only driven a racing car around the Circuit four times, his performance appears even more remarkable. He is also one of our best drivers, especially when he agrees not to tamper too much with his car. Fournier was the victim of unfortunate incidents after a good start. As for Lavergne, in whom I appreciate many qualities, it seems he will never break the bad luck that always besets him.
   Gabriel and Rougier were both hopefuls; unfortunate circumstances deprived them of displaying their high value. Gabriel is, however, one of the men who drives a car most delicately.
   Girardot made one mistake: he changed the compression on the day of the race. He had an admirable car, a delicate mechanical jewel, yet robust, and many connoisseurs expected a remarkable race from it. For my part, I was sad to learn that the C.G.V., which represented a colossal effort, had been taken out of the race. It would be wrong to accept its defeat without taking into account the circumstances that accompanied it.
   Sincerely, the C. G. V. was absolutely remarkable, and few competitors could rival it.
   Some more lucky winners… they are the drivers of the three Bayard A. Clément. Can we praise them more highly than to say how highly Brasier thought of them. Albert Clément and Villemain were not lucky: they are, however, kings of the wheel, who can compete with the best.
C. FAROUX.

Photo captions.
Page 534. 1. Théry * 2. Sisz * 3. Girardot * 4. A. Clément * 5. Le Blon * 6. Lapertot * 7. Gabriel * 8. Hemmery * 9. Heath * 10. Rigolly * 11. Caillois *
Photos page 535. 12. Edmond * 14. Hanriot * 15, A. Fournier * 17. Rougier * 18. Wagner * 19. H. Farman * 21. Stead * 22. Bernin * 24. Villemain * 27. Duray * 29. Teste *

The teams of the 1905 Gordon Bennett Cup
FRANCE
1. THÉRY – Richard-Brasier car, Michelin tires
7. CALLOIS – Richard-Brasier car, Michelin tires
13. DURAY – De Dietrich car, Michelin tires
ENGLAND
2. CLIFFORD EARP – Napier car, Dunlop tires
6. ROLLS – Wolsely car, Dunlop tires
14. BIANCHI – Wolsely car, Dunlop tires
GERMANY
3. JENATZY – Mercedes car, Continental tires with strong canvas and Samson anti-slip
3. DE CATERS – Mercedes car, Continental tires
15. WERNER – Mercedes, Continental tires
ITALY
4. LANCIA – F. I. A. T. car, Michelin tires
10. CAGNO – F. I. A. T. car, Michelin tires
16. NAZZARI – F. I. A. T. car, Michelin tires
AUSTRIA
5. BRAUN – Mercedes car, Continental tires
11. HYERAUNIMUS – Mercedes car, Continental tires
17. BURTON – Mercedes car, Continental tires
AMERICA
6. LYTTLE – Pope-Toledo car
12. DINGLEY – Pope-Toledo car
18. TRACEY – Locomobile car     

Texte et photos avec l’autorisation aimable de gallica.bnf.fr/ Bibliothèque national français https://www.bnf.fr/fr