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La Course Paris-Madrid – La Locomotion- 30 May 1903

The 1903 Paris – Madrid race, described and commented in this article, cost the lives of many spectators, drivers and mecahnics. And thus, it formed the end of the City-to-City era. „la fête finit ainsi“ = „the party thus ended“ was written. The most well-known driver who came to death was Marcel Renault.

Avec l’authorisation du Conservatoire numérique des Arts et Métiers (Cnum) – https://cnum.cnam.fr
Texte et photos compilé par motorracinghistory.com

La Locomotion 3e Année. — N° 87. – 30 Mai 1903.

PARIS – MADRID

   Nous n’apprendrons rien à aucun de nos lecteurs en écrivant que la course Paris-Madrid, lancée dimanche matin sur sa première étape Versailles-Bordeaux, fut, le soirmême, arrêtée par une dépêche du président du Conseil des ministres, terrifié par les accidents qui venaient de se produire ; et que le gouvernement espagnol, suivant l’exemple du gouvernement français, retira brusquement lui-même l’autorisation donnée aux coureurs de lutter sur son territoire. Tous les journaux du monde certainement ont relaté ces faits.
   Paris-Madrid s’est donc réduit à un Paris-Bordeaux douloureux ; puis les engins sont rentrés à Paris. La fête finit ainsi.
   Paris-Madrid s’annonçait cependant comme une bien superbe bataille ! Il n’est pas, croyons-nous, d’expression plus juste que celle-là pour exprimer ce véritable soulèvement de tout un peuple à l’annonce… d’une simple manifestation sportive !

   Nous sommes, à la Locomotion, par profession et par sentiment, mieux disposés que la plupart des hommes, à croire aux passions sportives. Mais cependant jamais nous n’aurions pu supposer que notre pays fût si vite venu à ce qu’on pourrait appeler la << beauté de l’effort >> qui est l’âme du sport !
   Il faut avoir parcouru l’itinéraire de la course d’un bout à l’autre, comme l’ont lait nos rédacteurs, pour rentrer émerveillé de tant de curiosité et de tant de fièvre ! L’opposition que nous manifestons parfois ici contre les courses d’automobiles désarme un instant, avouons-le, devant une manifestation aussi grandiose de la vigueur de notre industrie ! Et combien ils nous semblent grotesques ou volontairement malfaisants, les publicistes politiques qui crient à la décadence de la France et à l’anéantissement de son énergie historique ! Il n’est certainement pas de spectacle plus réconfortant que ce pays entier se prenant d’enthousiasme non pour un jeu de cirque, mais pour une prouesse uniquement industrielle !
   Cependant, la fin irrémédiable des courses sur route, que les lamentables événements que l’on sait ont marquée, nous cause une joie réelle. Nous avons toujours nié que, depuis trois ans au moins, les courses eussent réellement été fertiles en enseignements mécaniques ; mais, dussent-elles contribuer, comme l’affirment encore quelques-uns, de plus en plus rares d’ailleurs, aux progrès de notre science spéciale, nous estimons que c’est payer trop cher de petites améliorations de  détail que de les solder par tant de deuils !
   La famille affolée de Marcel Renault ; la fracture du bassin et la paralysie peut-être incurable de Lorraine-Barrow ; la femme en délire du mécanicien grillé vif sous une voiture culbutée; les trois cadavres sans face étendus dans la mairie d’Angoulême, tous ces cris et toutes ces larmes constituent une si lugubre escorte à notre progrès que l’épithète de << révolution pacifique » dont nous nous plaisons, avec raison, à baptiser la locomotion mécanique, deviendrait vite d’une abominable ironie !
   Non, ne tuons plus personne sciemment ! Car nous savions tous, toutes les compétences de l’Automobile Club de France savaient (Paris-Vienne et la Turbie l’avaient péremptoirement démontré) que, parmi les trois cents hommes, conducteurs et mécaniciens, qui s’alignaient devant le starter dimanche dernier, il y avait des condamnés à mort ! On savait qu’il y avait des condamnés à mort, mais on ne savait pas lesquels ; c’est tout ce qu’on ignorait.

   Eh bien, de ces complicités de meurtre, il n’en faut plus quels que soient les raisonnements qui les provoquent. Nous n’empêcherons évidemment pas le progrès de faire chaque semaine ses victimes ; depuis soixante ans, les chemins de fer tuent de leurs partisans, et tant qu’il y aura des chemins de fer, il y aura des accidents de chemins de fer ! Mais du moins aurons-nous la conscience de n’avoir plus aucune responsabilité dans ces drames et de n’avoir à accuser que la fatalité.
   En outre, nous avons ici même trop souvent démontré à quelles folies pécuniaires les courses entraînent les constructeurs, quelles perturbations durables elles causent à leurs affaires normales, quelles bonnes raisons elles donnent aux prix surélevés des automobiles, pour ne pas voir dans la fin des courses le commencement d’une ère de sagesse que les hommes sérieux — et tous les constructeurs eux-mêmes en particulier ! — appellent depuis plusieurs années ! Quand un fabricant de pneus a dépensé 150 000 francs (j’ai le bilan de l’un d’eux sous les yeux) à seule lin d’organiser des dépôts de ses produits le long de la route et à mettre ainsi en vedette sa marque, ne doutez pas que le para n’ait des tendances irrésistibles à la hausse.
   Les vrais vainqueurs de cette journée triste, les vainqueurs gais, me semblent être les maisons qui, comme Peugeot et Rochet-Schneider par exemple, se sont abstenues de courir, tout simplement parce le jeu en est trop cher !
   Mais à quoi bon philosopher longuement sur une catastrophe quand on a pris la résolution d’en supprimer radicalement les causes et de l’empêcher ainsi de se renouveler ?
   Envoyons à toutes ces pauvres figures qui pleurent, à défaut de consolations meilleures, un peu de sympathie sincère.
   Que la fin effroyable de ce cher Marcel Renault ; que la mort de ces mécaniciens ignorés nous donnent enfin la sagesse.
   Regrettons tant d’argent gâché (plusieurs millions certainement, dissipés au vent), tant de temps gaspillé, tant d’efforts nuls — et remettons-nous au travail, hélas ! sans trop regarder derrière. L. Baudry de Saunier

Les obsèques de Marcel Renault ont lieu aujourd’hui samedi à 11 h. 1/2 à Saint – Augustin.
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LA COURSE
   Le départ devait être donné à 3 h. 1/2: mais ce n’est qu’à 3 h. 45 que le premier, Jarrott, est lancé sur la route de Bordeaux, après que deux bombes, d’une sonorité puissante, ont été allumées pour prévenir an loin.
   Avec une souplesse féline, la lourde machine glisse sur le sol : elle s’anime et part, bondit dans une pétarade, vole sur la route et disparaît.
   De minute en minute, selon le programme, M. Riguelle expédie grosses voitures et voitures légères, puis ensuite les voiturettes, et enfin, par deux à la fois, les motocyclettes. Quelques concurrents ne se présentant pas à l’heure où ils auraient dû être en ligne, il en résulte des infractions à l’absolue régularité des départs minute par minute.
   La foule massée en rangs compacts à droite et à gauche de la route, aussi loin que la vue peut s’étendre, applaudit aux concurrents connus ; Jarrott, R.deKnyff‘, Théry, Baras, Edmond, H Fournier, Teste, sont salués par d’unanimes acclamations et des souhaits de bon voyage. Mme du Gast, dont la voiture avait le radiateur et le capot ornés de fleurs, roses et lilas, est très félicitée.
   Jusqu’au numéro 4i1, les concurrents partent toutes les minutes; mais les numéros 44 (L. Storero), 50 (Comiot), 60 (Vanderbilt), 144 (L. Loste), etc., sont considérés comme étant partis à l’heure exacte où ils auraient dû prendre le départ.
   Très remarqué, Charron, le parfait sportsman, dans une élégante voiture C.-G.-V. de touristes à quatre places, car sa huit-cylindres n’étant pas terminée, il fait la course en touriste. A côté de Charron, se trouve une ravissante jeune femme, qui a su — chose combien rare — rester jolie et élégante malgré son costume de chauffeuse. Ce n’est pas la seule dame qui accompagnait les coureurs. Une charmante sportswoman n’avait pas craint d’affronter la route en voiturette et accompagnait, gracieuse mécanicienne, Allard d’Albady (249).
   Lorsque le numéro 70 (Taveneaux) se présente à 4 h 22, les commissaires lui refusent le départ. Il y a quelque chose qui cloche dans le pot d’échappement — en réalité, celui-ci était par trop simplifié. Ce sera, du reste, t’affaire de quelques minutes pour remédier à l’inconvénient signalé par les commissaires, et M. Taveneaux partira à 4 h. 31.
   Enfin, à 6 h. 45, le départ était donné à la dernière motocyclette, le no 311, montée par Broc.

   La première phase du combat, est commencée.
   Malheureusement, le triomphant départ devait s’acheminer vite aux pires calamités ! La vitesse énorme des véhicules (le gagnant de l’étape parcourut les 552 kilomètres à l’allure moyenne de 105 k. 700 à l’heure); l’aberration insensée du public du dimanche, qui ne comprit point le terrible danger de la moindre imprudence, certains manques de surveillance et d’indication des obstacles, provoquèrent presque immédiatement des accidents mortels.
   Une femme traverse la route à Ablis et est tuée du coup. —
Lorraine-Barrow veut éviter un groupe de chiens, s’abîme contre un arbre, au pied duquel son mécanicien demeure écrasé, lundis qu’il est lui-même transporté mourant. — Marcel Renault, voulant dépasser un concurrent, fait un panache, reçoit un coup terrible sur la nuque, qui, après trois journées d’agonie, détermine sa mort. — Porter enfonce une cabane de garde-barrière ; sa voiture se renverse et prend feu ; le mécanicien, écrasé sous le moteur, est carbonisé. — Tourand, voulant éviter un enfant, tue a la fois son mécanicien, un soldat et un jeune ouvrier ! — Stead fait une chute épouvantable, et, aujourd’hui encore, on est inquiet sur son sort. — Bref, en quelques kilomètres, une succession féroce d’accidents jeta bientôt la terreur chez les spectateurs, et quand, le lendemain matin, tous les quotidiens les relatèrent en les amplifiant, volontairement ou non, ce fut partout en France une explosion de protestations, de colères, parfois de satisfaction cruelle ; et les plus acharnés partisans des courses durent bien s’avouer (pie la farce sanglante… avait été poussée trop loin !
   Mardi dernier, à la Chambre des Députés, une interpellation amena une voie, qu’on aurait pu attendre moins pondéré et moins favorable à nos intérêts, relui de la confiance que donnent les députés au gouvernement pour l’interdiction totale dans l’avenir de toute course sur route.
* * *
   Aux points de vue sportive et industriel seuls, les résultats de Paris-Madrid sont merveilleux. Sur 200 véhicules partis, 187 sont arrivés à Bordeaux.
   Aussi les performances de tous sont-elles extraordinairement supérieures à celles réalisées 1 an dernier au Circuit des Ardennes, qui avait déjà stupéfié les spectateurs et démenti — comme cette année — tous les pronostiqueurs.
   Le Circuit des Ardennes avait été gagné par Jarrot, couvrant 512 kilomètres en 5 h. 53 m. 30 s., tandis que sur Paris-Bordeaux 40 kilomètres de plus ont été couverts en moins de temps par quatre concurrents ; Gabriel, Louis Renault, Salleron et Jarrott.
   Jarrott avait, l’an dernier, établi le record suivant : 88 kilomètres à l’heure de vitesse moyenne en course de longue distance. Ce record fait un bond fantastique de 17 kil. 700 m. et se trouve appartenir à Gabriel avec 105 kilomètres 700 mètres.
   Ce sont là des résultats qui témoignent des progrès énormes faits par nos constructeurs au point de vue de la légèreté alliée à la solidité.
   L’automobile a fait faire a la métallurgie un pas énorme que constatent, avec plaisir, tous les ingénieurs.
   Voici d’ailleurs la liste des treize concurrents ayant battu ou quasi égalé le record de Jarrott :
GROSSES VOITURES
1. Gabriel (Mors) ……………….. 105 kil. 700
2. Salleron (Mors) ………………. 95 kil. 500
3. Jarrott (De Diétrich) ………… 94 kil. 500
4. Warden (Mercédès) …………. 93 kil. 500
5. De Crawhez (Panh.-Lev.) ….. 91 kil. 500
6. Voigt (C.-G.-V.) ………………. 91 kil. 500
7. Gasteaux (Mercédès) ……….. 90 kil. 500               
8. Fournier Achille (Mors) ……… 89 kil. 500             
9. Bougier (Turcat-Méry) ……… 88 kil. 500    
10. Monter (De Diétrich) ………. 87 kil. 500    
VOITURES LÉGERES
1. L. Renault (Renault frères) …. 99 kil. 500
2. Baras (Darracq ) ………………. 89 kil. 500
3. Page (Decauville) ……………… 87 kil. 500

   Les Mercedes ont, une fois de plus, fait grande impression par leur aspect robuste et élégant à la fois. Les usines de Cannstatt possèdent décidément un artiste de premier ordre pour la ligne, le chic à donner à une automobile ! Les photographies que nous reproduisons montrent de quel joli dessin sont ces voitures de course ! D’ailleurs, leur qualité exceptionnelle s’est affirmée une fois de plus, puisque aucune des Mercédès engagées dans la course n a eu la moindre panne de mécanisme ! Voilà un record plus difficile a battre encore que celui du kilomètre !
   Certaines performances, moins fantastiques, sont au moins aussi frappantes. Citons celle de Charron, particulièrement intéressante pour la grosse armée des touristes. Sur sa 15-chèvaux, modèle courant, en usage depuis plus d’un an, avec caisse tonneau à quatre places et glace à l’avant, trois voyageurs et bagages, il a couvert la distance en 9 h. 15, soit une vitesse moyenne de (60 kilomètres à l’heure. D’ailleurs, les (C.-G.-V. de course valent les C.-G.-V. de route ; M. Voigt, sur sa 40-chevaux, a battu plus de cent concurrents, faisant le parcours Paris-Bordeaux en 6 heures.
   Signalons aussi celle de Rigolly sur sa Gobron-Brillié de 110 chevaux, qui enlevait brillamment la Coupe d’Arenberg. C’est une belle victoire de l’alcool, ce produit national.
   Les voilures légères ont aussi fait des merveilles, et failli même recommencer leurs prouesses de l’an dernier et battre les grosses voitures.
   Qtuant aux motocyclettes, ces nouvelles venues qui détrônèrent et firent si vite disparaitre le tricycle, elles marchèrent à une allure moyenne que ne réalisent que difficilement sur les chemins de fer les trains autres que les rapides.
   Voici d’ailleurs des chiffres dont la précision vaut mieux que tout discours :
1. Bucquet (Werner) ………… 61 kil.
2. Demester (Griffon) ……….. 60 kil.
3. Jollivet (Griffon) …………… 58 kil.

   La maison Mors est la triomphatrice. La marque de Dietrich s’est affirmée une fois de plus pour une des plus régulières et des plus rapides, et si la course se fut continuée, il est a croire qu’elle ne fut pas arrivée loin du premier à Madrid.
   Dans la catégorie voitures légères, la maison Renault demeure première, selon l’habitude invincible qu’elle a prise depuis quatre ans.
   La catégorie voiturettes revient à la marque Clément, qui montre par là une fois de plus la valeur de sa construction.
   Quant aux motocyclettes, nous signalerons avec plaisir la performance nouvelle de Bucquet sur une Werner, décidément bien difficile à battre. Bucquet est l’éternel gagnant des courses sur route à bicyclette : il lut premier dans Paris-Berlin, premier dans Paris-Vienne, premier dans le Circuit des Ardennes, premier dans Paris-Madrid !
* * *
On se demande maintenant si la Coupe Cordon-Bennett aura lieu, si le gouvernement anglais ne prendra pas peur à son tour. Enfin, les courses de la semaine d’Aix, de Laffrey, et même le Circuit de l’Argonne, paraissent bien compromis. J. Bertrand.

Photos, page 337 et suivant.
Arrivée à Bordeaux de Gabriel. – Arrivée à Bordeaux de Louis Renault. – Marcel Renault avant le départ (mort à Couhé-Vérac le 27 mai).
Photos, 339  – LES VOITURES AU PESAGE DES TUILERIES AYANT LE DEPART (Phot. Échalié de la Continental.)
I. Legros (voiturette Passy-Thellier). — II. Lorraine-Barrow (grosse voit. de Dietrich). — III. lliéry (voit. lég. Decauville). — IV. Teste (grosse voit. Panhard-Levassor). — V. Gros (grosse voit. de Diétrich). — VI. Degrais (grosse voit. Mercédès). — VII. Hougier (grosse voit. Tureat-Méry). — VIII. Vanderbilt (grosse voit. Mors). — IX. Turr (grosse voit. Panhard-Lev.) — X. Sydney Girling (grosse voit. Wolseley). — XI. Ribes (grosse voit. Panh.-Lev.). — XII. Taverneaux (gr. voit. Panh-Lev.)
La voiture de course Mors (montée par Léger). – Le premier parlant : Jarrott, sur une de Dietrich. – Le deuxième partant : René de Knyff, sur Panhard et Levassor.
Photos, 341 – AU DÉPART, PRÈS DES CONTROLES
I. Le contrôle de Chartres. — II Arrivée au contrôle. — III. Corre attendant sa fiche de neutralisation. — IV. Une Darracq suivant son pilote. — V. Vite une roue de rechange ! — VI. La bicyclette à pétrole Pécourt. — VII – Prosper Lambert. — VIII. Pas un spectateur ! — IX. La place des Épars. — X. Grus, sur sa Renault. — XI. Échalié donnant les dernières instructions à l’équipe Continental, sur le quai d’Orsay, à Paris. — XII. Motocyclette suivant son pilote.
La voilure de course Mercedes (90 chevaux). – La voiture de course Mercedes.
La voiture de course Panhard et Levassor. – Le moteur incliné de la Panhard-Levassor de course (90 chevaux).
La voiture de course G.-G.-V. (montée par Girardot). – Mme du Gast examinant la boîte de fiches qu’on vient d’installer sur sa voiture. – Gabriel, Fournier, Lorraine-Barrow. (Phot. E. de Nangis).
Masson, vainqueur de la catégorie voiturettes, sur voiturette Clément. – Le moteur le plus puissant (Gobron-Brillié) 115 chevaux (vu à gauche).

Translation by DeepL.com DeepL.com
La Locomotion, Volume 3 — N° 87. – 30 May 1903.
Paris – Madrid
We will not be teaching any of our readers anything by writing that the Paris-Madrid race, which started on Sunday morning on its first stage from Versailles to Bordeaux, was stopped that same evening by a dispatch from the President of the Council of Ministers, who was terrified by the accidents that had just occurred; and that the Spanish government, following the example of the French government, abruptly withdrew the authorization given to the riders to compete on its territory. Surely every newspaper in the world has reported these events.
   Paris-Madrid was thus reduced to a painful Paris-Bordeaux; then the machines returned to Paris. The party thus ended here.
   Paris-Madrid promised to be a superb battle, however! We believe that there is no more accurate expression than this to describe the true uprising of an entire nation at the announcement… of a simple sporting event!
   At La Locomotion, we are, by profession and by sentiment, more disposed than most men to believe in sporting passions. And yet we could never have imagined that our country would have so quickly arrived at what one could call the “beauty of effort”, which is the soul of sport!
   You have to have followed the race from start to finish, as our editors did, to be amazed by so much curiosity and so much enthusiasm! Let’s face it, the opposition that we sometimes show here against car races is temporarily disarmed by such a grandiose display of the vigour of our industry! And how grotesque or deliberately malicious they seem to us, the political publicists who cry out about the decadence of France and the annihilation of its historical energy! There is certainly no more comforting sight than this whole country getting excited not about a circus act, but about a purely industrial feat!
   However, the irremediable end of road racing, which has been marked by the lamentable events we know about, gives us real joy. We have always denied that, for at least three years, races have really been fertile in mechanical lessons; but, even if they were to contribute, as some still claim, increasingly rare, moreover, to the progress of our special science, we believe that it is paying too high a price for small improvements in  detail to pay for them with so much mourning!
   The distraught family of Marcel Renault; the broken pelvis and possibly incurable paralysis of Lorraine-Barrow; the distraught wife of the mechanic burnt alive under a flipped car; the three faceless corpses lying in the town hall of Angoulême, all these screams and tears are such a mournful accompaniment to our progress that the epithet “peaceful revolution” with which we are rightly pleased to christen mechanical locomotion, would quickly become an abominable irony!
   No, let’s not kill anyone knowingly! Because we all knew, all the experts at the Automobile Club de France knew (Paris-Vienne and La Turbie had categorically demonstrated it) that, among the three hundred men, drivers and mechanics, who lined up in front of the starter last Sunday, there were some who were sentenced to death! We knew that there were people on death row, but we didn’t know who; that’s all we didn’t know.
   Well, we don’t need any more of these accomplices to murder, whatever the reasoning behind them. We obviously will not prevent progress from claiming its victims every week; for sixty years, railways have been killing their supporters, and as long as there are railways, there will be railway accidents! But at least we will have the satisfaction of knowing that we no longer bear any responsibility for these tragedies and that we only have to blame fate.
   Moreover, we have demonstrated here too often the financial madness to which racing leads manufacturers, the lasting disruption it causes to their normal business, the good reasons it gives for increased car prices, so we should see the end of racing as the beginning of an era of wisdom that serious people – and all the manufacturers themselves in particular! – have been calling for for several years! When a tire manufacturer has spent 150,000 francs (I have the balance sheet of one of them in front of me) just to organize depots of its products along the road and thus showcase its brand, there is no doubt that the para (? red.) has irresistible upward tendencies!
   The real winners on this sad day, the cheerful winners, seem to me to be the companies that, like Peugeot and Rochet-Schneider for example, refrained from racing, quite simply because the game is too expensive!
  But what is the point of philosophizing at length about a catastrophe when one has made the resolution to radically eliminate its causes and thus prevent it from happening again?
   Let us send at least some sincere sympathy to all those poor figures weeping for lack of better consolation.
   May the dreadful end of our dear Marcel Renault and the death of those unknown mechanics finally give us wisdom.
   Let us regret so much money wasted (several million certainly, squandered), so much time wasted, so much effort for nothing – and let us get back to work, alas! without looking back too much. L. Baudry de Saunier.
Marcel Renault’s funeral will take place today, Saturday, at 11:30 a.m. in Saint-Augustin.
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Page 342 – 348
THE RACE
   The start was scheduled for 3:30 a.m., but it was not until 3:45 a.m. that the first, Jarrott, was launched on the road to Bordeaux, after two powerful bombs had been set off to warn those in the distance.
   With feline suppleness, the heavy machine glides along the ground: it comes to life and sets off, leaps into a burst of gunfire, flies along the road and disappears.
   Every minute, according to the program, Mr. Riguelle sends off large cars and light vehicles, then the small cars, and finally, two at a time, the motorcycles. Some competitors do not show up at the time they should have been in line, resulting in violations of the absolute regularity of the minute-by-minute starts.
   The crowd, massed in compact rows on the right and left of the road as far as the eye can see, applauded the well-known competitors; Jarrott, R. de Knyff, Théry, Baras, Edmond, H. Fournier and Teste were greeted with unanimous cheers and wishes for a safe journey. Mrs. du Gast, whose car had its radiator and bonnet decorated with flowers, roses and lilacs, was congratulated profusely.
   Up to number 4i1, the competitors set off every minute; but numbers 44 (L. Storero), 50 (Comiot), 60 (Vanderbilt), 144 (L. Loste), etc., are considered to have set off at the exact time they should have started.
   Charron, the perfect sportsman, attracted a lot of attention in an elegant C.-G.-V. four-seater touring car, because his eight-cylinder car was not finished, he was racing as a passenger. Next to Charron was a lovely young woman who had managed – a rare feat – to remain pretty and elegant despite her chauffeuse outfit. She was not the only lady accompanying the riders. A charming sportswoman had not been afraid to face the road in a buggy and accompanied, as a gracious mechanic, Allard d’Albady (249).
  When number 70 (Taveneaux) showed up at 4:22 a.m., the commissioners refused to allow him to start. There was something wrong with the exhaust pipe – in fact, it was too simple. It only took a few minutes to remedy the problem reported by the commissioners, and Mr. Taveneaux set off at 4.31 a.m.
   Finally, at 6.45 a.m., the last motorcycle, no. 311, ridden by Broc, was given the go.

   The first phase of the race had begun.
   Unfortunately, the triumphant start was soon to be followed by the worst calamities! The enormous speed of the vehicles (the stage winner covered the 552 kilometers at an average speed of 105,700 kilometers per hour); the senseless aberration of the Sunday crowd, who did not understand the terrible danger of the slightest carelessness, certain lack of supervision and indication of obstacles, almost immediately caused fatal accidents.
   A woman crossing the road in Ablis was killed instantly. —
Lorraine-Barrow tries to avoid a group of dogs, crashes into a tree, and his mechanic is crushed at the foot of the tree, dying on the Monday. Marcel Renault, wanting to overtake a competitor, swerves, receives a terrible blow to the back of the neck, which leads to his death after three days of agony. — Porter drives his car into a signalman’s hut; his car overturns and catches fire; the mechanic, crushed under the engine, is burned to death. — Tourand, trying to avoid a child, kills his mechanic, a soldier and a young workman in one go! — Stead has a terrible crash, and even today there is concern for his fate. In short, in the space of a few kilometers, a ferocious succession of accidents soon struck terror into the spectators, and when, the next morning, all the newspapers reported them, amplifying them, whether intentionally or not, there was an explosion of protests, anger, and sometimes cruel satisfaction throughout France; and the most ardent racing fans had to admit (that the bloody farce… had been taken too far!
   Last Tuesday, in the Chamber of Deputies, a question led to a vote that could have been expected to be less balanced and less favorable to our interests, but which reflected the confidence that the deputies have in the government to totally ban all road races in the future.
* * *
   From a sporting and industrial point of view alone, the results of Paris-Madrid are marvelous. Of the 200 vehicles that started, 187 arrived in Bordeaux.
   Also, everyone’s performances are extraordinarily superior to those achieved last year at the Circuit des Ardennes, which had already astonished spectators and confounded – as this year – all the forecasters.
   The Circuit des Ardennes was won by Jarrot, covering 512 kilometers in 5 hours, 53 minutes, and 30 seconds, while in the Paris-Bordeaux race four competitors, Gabriel, Louis Renault, Salleron, and Jarrott, covered 40 kilometers more in less time.
   Last year, Jarrott set the following record: 88 kilometers per hour average speed in a long-distance race. This record has made a fantastic leap of 17 kilometers and 700 meters and is now held by Gabriel with 105 kilometers and 700 meters.
   These are results that bear witness to the enormous progress made by our manufacturers in terms of lightness combined with strength.
   The automobile has taken metallurgy a huge step forward, as all engineers are pleased to see.
   Here is a list of the thirteen competitors who have broken or almost equaled Jarrott’s record:
*** !!! *** attention check

******* and elegant at the same time. The Cannstatt factories definitely have a first-rate artist when it comes to the line, the chic to give a car! The photographs we reproduce show what a beautiful design these racing cars have! Moreover, their exceptional quality was confirmed once again, since none of the Mercedes entered in the race had the slightest mechanical failure! This is a record even more difficult to beat than the kilometer record!
  Some performances, less fantastic, are at least as striking. Let’s mention that of Charron, particularly interesting for the large army of tourists. On his 15-horsepower, standard model, in use for over a year, with a four-seater tonneau body and windshield at the front, three passengers and luggage, he covered the distance in 9 hours and 15 minutes, an average speed of (60 kilometers per hour. Moreover, the race speed limits are the same as the road speed limits; Mr. Voigt, on his 40-horsepower car, beat more than a hundred competitors, completing the Paris-Bordeaux route in 6 hours.
   Also of note is Rigolly’s 110-horsepower Gobron-Brillié, which brilliantly won the Arenberg Cup. It is a fine victory for alcohol, this national product.
   Light aircraft have also worked wonders, and almost even repeated their last year’s prowess and beat the big cars.
   As for the motorcycles, these newcomers that dethroned and so quickly made the tricycle disappear, they traveled at an average speed that is difficult for trains other than fast trains to achieve on railroads.
   Here are some figures whose precision is better than any speech:
1. Bucquet (Werner) ………… 61 kil.
2. Demester (Griffon) ……….. 60 kilometers
3. Jollivet (Griffon) …………… 58 kilometers

   The Mors company is the triumphant. The Dietrich brand has once again proven itself to be one of the most consistent and fastest, and if the race had continued, it is likely that it would not have finished far behind the first in Madrid.
   In the light car category, Renault remains in first place, as it has been for the last four years.
  The Clément brand wins the microcar category, once again demonstrating the quality of its construction.
   As for motorcycles, we are pleased to report the new performance of Bucquet on a Werner, definitely very difficult to beat. Bucquet is the eternal winner of bicycle road races: he was first in Paris-Berlin, first in Paris-Vienna, first in the Circuit des Ardennes, first in Paris-Madrid!
* * *
One wonders now if the Cordon-Bennett Cup will take place, if the English government will not be frightened in turn. Finally, the races of the Aix week, of Laffrey, and even the Argonne Circuit, seem to be in jeopardy.    J. Bertrand.

Photos, page 337 and following.
Arrival in Bordeaux of Gabriel. – Arrival in Bordeaux of Louis Renault. – Marcel Renault before the start (died at Couhé-Vérac on May 27).
Page 339. – CARS AT THE TUILERIES WEIGHING POINT HAVING THE START – (Phot. Échalié de la Continental.)
I. Legros (Passy-Thellier car). — II. Lorraine-Barrow (large De Dietrich car). — III. Illéry (light Decauville car). — IV. Teste (large Panhard-Levassor car). — V. Gros (large Dietrich car). — VI. Degrais (large Mercedes car). — VII. Hougier (large Tureat-Méry car). — VIII. Vanderbilt (large Mors car). — IX. Turr (large Panhard-Lev. car) — X. Sydney Girling (large Wolseley car). — XI. Ribes (large Panh.-Lev. car). — XII. Taverneaux (large Panh-Lev. car)
Page 341 – AT THE START, NEAR THE CHECKS
I. The Chartres check. — II Arrival at the check. — III. Corre waiting for his neutralization card. — IV. A Darracq following its driver. — V. Quick, a spare wheel! — VI. The Pécourt petroleum-powered bicycle. — VII – Prosper Lambert. — VIII. Not a spectator! — IX. Place des Épars. — X. Grus, in his Renault. — XI. Échalié giving final instructions to the Continental team on the Quai d’Orsay in Paris. — XII. Motorcycle following its driver.
The Mors racing car (driven by Léger). – The first starter: Jarrott, on a de Dietrich. The second starter: René de Knyff, on Panhard and Levassor.
The Mercedes racing car (90 horsepower). – The Mercedes racing car.
The Panhard et Levassor racing car. – The inclined engine of the Panhard-Levassor racing car (90 horsepower).
The G.-G.-V. racing car (driven by Girardot). – Mme du Gast examining the plug box that has just been installed on her car. – Gabriel, Fournier, Lorraine-Barrow. (Phot. E. de Nangis)
Masson, winner of the voiturette category, in a Clément voiturette. – The most powerful engine (Gobron-Brillié) 115 horsepower (seen on the left).