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Text et photos compilé par motorracingistory.com.
La Locomotion Automobile – 12e Année, N° 25, 22 Juin 1906.
JANTES DEMONTABLES ET JANTES AMOVIBLES
Depuis l’invention du bandage pneumatique, on a eu à lutter contre sa fragilité, et à réparer les accidents causés à l’enveloppe ou à la chambre à air par les clous ou même les cailloux du chemin.
Depuis des années se continue cette lutte des cyclistes d’abord des chauffeurs ensuite contre la panne de pneumatique.
On reconnut vite l’inanité de la réparation de fortune faite sur la route, et l’obturation des trous aux chambres à air au moyen de pièces collées hâtivement. Si à la rigueur cela tenait pour la bicyclette, le poids des autos, et la chaleur intense produite par le roulement rendent de telles réparations si illusoires qu’on n’y a recours qu’à la dernière extrémité : L’usage s’est donc répandu d’emporter avec soi, des chambres à air, et même des enveloppes de rechange, en nombre suffisant pour pouvoir rapporter les pièces endommagées et les faire réparer à loisir par les spécialistes.
Tant qu’on a des rechanges la panne n’est pas irréductible, on peut toujours répartir : mais elle n’en existe pas moins car l’opération qui consiste à changer une enveloppe ou même seulement une chambre à air sur la route est assez délicate et compliquée pour nécessiter un arrêt prolongé.
Certains chauffeurs, très entraînés, racontent avec orgueil qu’ils exécutent cette opération en moins d’un quart d’heure, mais ce sont là des cas exceptionnels qui demandent à être contrôlés et si on consulte la généralité des automobilistes ils diront sincèrement que le remplacement d’une chambre à air demande 25 minutes et que s’il faut changer également l’enveloppe, il faut compter bien près de 3/4 d’heure, sans parler des cas où une fausse manœuvre oblige à refaire deux fois le travail.
L’effort des inventeurs s’est naturellement porté de ce côté et on a cherché à réduire ce temps et par conséquent, la durée des pannes. Les solutions proposées dérivent de deux principes ce sont les jantes démontables et les jantes amovibles.
Jantes démontables. — La difficulté dans le montage du pneumatique provient tout entière de ce qu’il, est nécessaire de faire franchir aux deux talons de l’enveloppe le rebord extérieur de la jante, dont le diamètre est considérablement plus grand que celui de sa partie médiane, et même que le diamètre intérieur des talons à l’état normal. Ils ne le franchissent donc que grâce à leur élasticité relative et sous l’action d’un effort considérable. — Si le rebord extérieur n’existait pas, au moins momentanément, l’opération serait considérablement simplifiée.
Les inventeurs de jantes démontables préconisent des jantes en deux parties, dont l’une, formant le rebord extérieur, peut être enlevée pour permettre un système de serrage ou de clavetage.
Les dispositifs de ce genre sont nombreux ; citons la jante démontable Peter, dans laquelle la partie mobile porte sur tout son pour tour intérieur un rail qui vient s’emboîter dans une rainure correspondante ménagée dans la partie fixe; où elle est maintenue par la diminution de son diamètre par le moyen d’une vis à double filet.
La jante démontable « le Rêve » cherche à obtenir la fixation du rebord mobile sans vis ni écrous mais par le moyen d’un cercle clavette qui peut à volontés, et par l’effet d’un ressort, soit disparaître complètement dans la rainure de la partie fixe, soit s’emboîter également dans cette rainure et une rainure semblable ménagée dans le rebord mobile et par conséquent verrouillées solidement l’une sur l’autre.
Ces solutions du problème de la jante en deux parties, pour intéressantes et ingénieuses qu’elles soient, présentent toutes l’inconvénient d’exiger une certaine rigueur dans l’ajustage de leurs différentes pièces qui en fait des instruments assez fragiles, surtout si l’on considère que, dans le cas d’un éclatement par exemple, la voiture lancée souvent à grande vitesse continue pendant un temps appréciable à rouler avec tout son poids sur la jante dépourvue du matelas que lui prêtait le pneumatique gonflé. Il peut en résulter des déformations des écrous ou des clavettes, voire du rebord même de la jante : déformations qui rendront le fonctionnement ultérieur difficile.
D’ailleurs pour ne considérer que le problème de la suppression de la panne en elle-même, la jante démontable ne lui apporte qu’une solution incomplète : en effet la difficulté de montage du pneu n’est pas le seul inconvénient : il y a aussi le gonflement qui est bien fatigant quand il faut manœuvrer en plein soleil une pompe dont l’étanchéité est douteuse ; il y a aussi l’inconvénient sensible pour certains chauffeurs raffinés de se couvrir de poussière et de talc, etc. — Cependant il faut reconnaître que la jante démontable procure une économie de temps, non seulement sur la route mais chaque fois qu’on doit pour une raison ou une autre démonter un pneumatique. Nous allons voir que de ces cas-là les partisans de la jante amovible ne se préoccupent pas.
Les inventeurs qui ont cherché des systèmes de jantes amovibles ont été au plus pressé et, par là même, ils ont droit à la sympathie du chauffeur, homme pressé par métier, par goût, par habitude.
Un pneu a crevé, ou éclaté : il s’agit de repartir vite, de se retrouver de nouveau dans le plus bref délai possible en quatrième vitesse supputant mentalement la perte que ces quelques instants représentent encore sur la moyenne de route.
Réparer le pneu : voir si c’est l’enveloppe ou la chambre à air qui est fautive, si le clou ou le silex ont causé le dommage : tout cela viendra plus tard, à l’étape, lorsque l’on se donnera le droit de penser à autre chose qu’à des kilomètres par dizaines, par centaines, et à la possibilité de prendre les côtes à la plus grande vitesse possible. — Telle est la mentalité du chauffeur en route. Le pneumatique est en défaut, changez tout le pneumatique ; si cela va plus vite changez la jante ; on changerait la roue au besoin, pour gagner du temps et si ce n’était pas trop embarrassant et lourd de porter des roues de rechange.
Avec les roues à jante amovible, on ne se préoccupe plus du démontage ou du remontage du pneu sur la jante : on laisse, le pneu endommagé sur la jante où il fait piètre figure, mais c’est la jante qu’on enlève de la roue et qu’on relègue aux bagages, pour la remplacer par une autre toute garnie d’un pneu solide, bien gonflé et on fixe la jante sur la roue et on repart, après n’avoir perdu dans toute cette opération que deux ou trois minutes.
Voilà certes un beau progrès et si la pratique répond à la théorie, la jante amovible a d’emblée toute la sympathie du chauffeur.
En pratique il y a plusieurs difficultés à résoudre.
1° Il faut fixer le pneu sur une jante métallique, aussi solidement qu’il est monté sur une roue ordinaire.
2° Il faut pouvoir glisser sans aucune difficulté la jante métallique sur la jante en bois de la roue.
3° Il faut assurer d’une façon absolue la solidarité de la jante mobile (que nous appellerons pour plus de clarté jante pneumatique) et de la roue de façon à éviter d’une part le jeu latéral, d’autre part, le glissement dans le sens de rotation.
La société des jantes M. L. offre de ces différents problèmes la solution suivante.
La roue est frettée comme une roue ordinaire, d’une fausse jante en acier. Le pneumatique est monté sur une jante de forme analogue à celle des jantes ordinaires mais qui porte sur sa base deux rails dressés au tour et dont le diamètre est à ½ mm, près celui de la fausse jante. Entre ces rails se logent les écrous qui maintiennent les boulons de sécurité du pneumatique. Celui-ci est fixé sur sa jante de la façon ordinaire et la seule pièce qui fasse saillie à l’intérieur des cercles formés par les rails est la valve.
Aussi a-t-on ménagé dans la jante en bois et sa frette en acier une profonde encoche où vient se loger la valve.
La jante peut être glissée sur la fausse jante grâce à la différence de 1/2 millimètre que présentent leurs diamètres respectifs.
On obtient la fixation et la suppression du jeu latéral par des boulons qui traversant la jante en bois viennent également traverser des oreilles rivées à la partie externe de la jante pneumatique et sont serrés par des écrous.
Pour éviter le glissement dans le sens du mouvement ou la fatigue qui en résulterait pour les boulons, les oreilles pénètrent de quelques millimètres dans des alvéoles ménagées dans la jante en bois. Enfin une pièce d’acier vient fermer et consolider les bords de l’encoche de la valve. Telle qu’elle est la jante M. L. permet, si tout fonctionne bien, de changer un pneu en fort peu de temps.
Un autre système non moins intéressant est celui de la jante Vinet-amovible.
En voici les caractéristiques.
1° La jante pneumatique est une jante ordinaire telle qu’on la trouve chez les fabricants de pneumatiques. Le bandage est fixé par des boulons de sécurité à queue courte serrés par des écrous, qui font saillie d’environ 4 mm. vers le centre de la jante. La valve est spéciale, car elle est longue en tout de 2 centimètres de manière à faire à peine saillie.
2° La roue est frettée d’un bandage d’acier qui porte du côté intérieur un rebord conique. C’est sur ce bandage que glisse la jante pneumatique jusqu’à venir s’appuyer par son rebord intérieur sur le cône. Le jeu laissé entre la jante pneumatique et la fausse jante, est considérable de façon à pallier aux différences de diamètres qui existent sur les jantes du commerce, et à rendre le montage aussi facile que possible.
Dans la fausse jante sont ménagées des alvéoles d’environ 4 mm, de profondeur estampée dans lesquelles se logent la valve et les boulons de sécurité.
3° La jante pneumatique est fixée sur la fausse jante au moyen d’un cercle mobile dont la section forme un cône symétrique du premier. Le serrage du cercle au moyen de boulons et d’écrous, par conséquent le rapprochement de ces deux cônes, annule tout le jeu qui peut exister entre la jante pneumatique et la fausse jante, et ces trois pièces : jante pneumatique, roue, et cercle mobile font un seul bloc.
4° Quant au glissement dans le sens du mouvement : les boulons de sécurité logés étroitement dans leurs alvéoles suffisent largement pour le prévenir.
Il semble que nous ayons ici une solution mécanique du problème : parce que chaque organe agit dans les meilleures conditions possibles et pour un objet déterminé : les boulons pour obtenir le serrage ; les cônes pour supporter le poids et le transmettre directement au moyeu, sans que les boulons d’attache en soient affectés ; les boulons de sécurité, pour assurer à eux seuls l’entraînement. La preuve en est que les boulons d’attache n’ont aucune tendance à se desserrer.
Voilà certes de quoi inspirer confiance : et nous ne doutons pas que la jante Vinet amovible donne d’excellents résultats. Le seul inconvénient c’est la valve spéciale, mais il est à espérer que si cette invention se répand dans le public ; les chambres à air à valve courte seront aussi faciles à trouver chez les stockistes que les chambres à valve longue, et quant aux jantes de rechange, on les trouve déjà partout puisque les fabricants de pneus les fournissent avec les pneumatiques.
Il faut ajouter que le montage du pneumatique sur une jante amovible se fait au moins aussi facilement que sur une roue ordinaire ; il suffit de munir les boulons de sécurité et la valve d’allonges ad hoc.
Henri Gaillard.
Les images, les clichés. Jante Vinet amovible – Démontage une jante Vinet amovible. – Jante M. L.
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